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LOBAA  

création 2024/2025
théâtre visuel, théâtre de la matière  
de et avec Marjory Gesbert  

Logis pauvre et secret à l’air d’antique estampe
Qui ne vit qu’en moi-même, où je rentre parfois
m’asseoir pour oublier le jour gris et la pluie.

A. Lafon

            Quand on a oublié ce qui a été. Quand on appréhende le temps présent seulement au travers de pensées et d'images décousues, incohérentes. Quand le temps de notre histoire a été découpé, défiguré, désincarné. Que reste-t-il d'un corps dépossédé de son histoire ?

 

            Une femme mue dans un espace désordonné, sans nom. Elle connaît ce lieu, elle sait comment faire, comment s'y prendre avec cet espace. Une fenêtre ici, une porte là. Elle est peut-être chez elle et pourtant semble perdue.

 

            Les lambeaux du passé sont là, éparpillés, tirés, pliés, froissés. Dans le chaos de ses pensées, elle tire un papier et plonge avec joie dans le souvenir d'un pique-nique de ses trois ans. Le souvenir est clair, l'odeur du champ moissonné, le sourire aux lèvres, le goût sirupeux du clafoutis aux abricots. Soudain, tout disparaît, le papier virevolte. Retour au néant. De sa montagne de papier, elle arrache un nouveau morceau, celui de ses quinze ans : après quelques gestes et une phrase, sa mémoire l'abandonne, elle «  reste pas plantée là !» Elle tente de retrouver du sens, de relier les bribes de ses souvenirs entre deux vertiges. Son enfance vient à son secours, elle retourne jouer et danser avec ses papiers.

 

            Les éclairs du temps cognent la masse de son corps fragile, elle se délecte avec légèreté des gorgées de son histoire. Elle perd les mots, une fourchette devient une locomotive, une assiette va devenir un bouquet de fleurs, elle sourit et nous entraîne dans le bal de ses souvenirs. 

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